Question:
Quelle est la signification symbolique de la tenue portée par les avocats:robe noire,rabat blanc et épitoge?
Mikiliste
2006-06-15 02:29:57 UTC
Quelle est la signification symbolique de la tenue portée par les avocats:robe noire,rabat blanc et épitoge?
Un répondre:
lu31
2006-06-15 02:35:47 UTC
LE COSTUME DE L’AVOCAT DES ORIGINES A NOS JOURS



Cet article est tiré de différents travaux et d’extraits de travaux conservés à la bibliothèque du Barreaux de Paris et concerne donc principalement les règles et usages en vigueur à Paris et dans la région parisienne.

Ces informations ne sont donc pas nécessairement généralistes pour tous les avocats en France. Cette première approche du sujet permet cependant de se faire une idée générale de la question.



a. La robe



Documents :

- RENAUD Pierre-André, Rapport à Monsieur de le Bâtonnier sur le

costume de l’avocat et plus particulièrement sur le port de l’épitoge.

Paris 7 décembre 1976, Bibliothèque du Barreau de Paris.

- BOUCHER D’ARGIS, Règles pour former un Avocat. 1778,

Bibliothèque du Barreau de Paris.



C’est en 1297 que l’on signale pour la première fois au Parlement du Roi, 19 chevaliers en Lois, résidant en la Chambre des Plaids.



« On les créa Chevaliers en Lois pour les assimiler aux Chevaliers d’Armes, à cause du préjugé où l’on était que la justice ne pouvait être rendue que par des Chevaliers ».

« Ils portaient l’habit long comme les Chevaliers d’Armes et par dessus, la Robe, un manteau assez long ».



BOUCHER D’ARGIS, 1778.



Ainsi les avocats portèrent sous ce manteau long la soutane comme les Magistrats.

Ensuite vers le milieu du XVIIème siècle, ils abandonnèrent la soutane pour ne plus porter sur leurs vêtements civils que la robe.



On signale toutefois qu’il y avait encore à la fin du XVIIème siècle un avocat nommé LE VASSEUR qui portait le manteau, la soutane, et même une petite perruque.

C’est dans ce costume qu’il fut élu Bâtonnier, le 9 mais 1685.



Toujours est-il que la robe ordinaire des avocats, comme celle des autres officiers de Justice, a constamment été de couleur noire.

Ils la portaient même hors du Palais et la gardaient dans leur cabinet.

Il n’est pas douteux qu’ils portaient également la robe rouge, en revanche, les auteurs sont partagés sur le point de savoir si la robe rouge ne se portait qu’aux cérémonies ou habituellement aux audiences.

En toute hypothèse, il est clair que les avocats renoncèrent d’eux-mêmes au port de la robe rouge pour ne pas être confondus avec les magistrats.



b. L’épitoge



La robe rouge, comme la robe noire, étaient à l’origine ornées d’un capuchon noir, appelé chaperon, dont les avocats se couvraient la tête.

Ce chaperon, bientôt remplacé par un bonnet carré, semblable à celui des ecclésiastiques, ne fut plus porté que pendant, sur le dos.

Puis l’usage s’introduisit de l’attacher sur l’épaule gauche. L’épitoge était née.



Il est certain que, dès l’origine, ce chaperon était terminé par une fourrure blanche, en hermine, et l’usage eut voulu qu’il ne fût ainsi porté que pour les cérémonies et les audiences solennelles.



On voit par exemple un arrêté du Premier Président du samedi 4 novembre 1514 qui enjoint les Huissiers de donner avis aux avocats et de leur signifier de se retrouver en la Grand-Chambre à 10 heures du matin pour aller au-devant de la Reine qui arrivait à Paris « honnêtement montés et vêtus de robe d’écarlate et chaperon fourré, pour accompagner lesdits Présidents et Conseillers ».



Le port du Chaperon fourré était présenté par les arrêtés et ordonnances sur l’usage de la robe et le port du chaperon comme un honneur qui était fait aux avocats de porter les mêmes robes et chaperon que les « Juges souverains » tandis que les Conseillers des Enquêtes pour être magistrats n’en avaient pas pour autant le droit de porter le chaperon fourré.



C’est ainsi que forts de cet honneur, les avocats étaient nombreux à porter le chaperon fourré puis l’épitoge herminée en toutes circonstances en dépit des injonctions des Premiers Présidents qui leur rappelaient sans cesse et jusqu’en 1790 que le port de l’épitoge herminée était réservé aux cérémonies et aux audiences solennelles.



Ce costume se maintient jusqu’en 1870.

Les lois des 16 août et 2 septembre 1790 stipulent :

« Les hommes de loi, ci-devant appelés, avocats, ne devant former no ordre ni corporation, n’auront aucun costume particulier dans leurs fonctions ».

C’est Napoléon Ier qui restitue aux avocats leur costume dans le cadre des diverses mesures qui furent prises à l’occasion du rétablissement de la profession d’avocat et du Barreau.

L’article 6 du décret du 2 nivôse an XI (23 décembre 1802) à la rédaction duquel l’empereur aurait porté beaucoup de soins précise :

« Les gens de loi et les avoués porteront la Toge de laine, fermée par devant, à manches longues, toque noire, cravate pareille à celle des juges, cheveux longs ou ronds » (ce qui interdisait le port de la perruque ou de la moustache).



Il s’agit donc de la robe d’aujourd’hui mais sans l’épitoge et c’est ainsi que tous les gens de loi la portèrent.

Le port de l’épitoge fut rétabli en 1810 par décret du 14 décembre 1810 qui dispose :

« Les avocats porteront la chausse de leur grade de licencié ou de docteur ».

C’est ce que dans tous les barreaux de Province, les avocats firent, si ce n’est que la chausse de Docteur ne se portât bientôt plus, et que vers 1860, seule la chausse de licencié se portait.



Napoléon n’aimait pas les avocats mais, ceux-ci, et tout particulièrement les membres du Barreau de Paris, ne ‘aimaient guère non plus.



En 1810, dans un joli mouvement d’indépendance vis à vis de l’empereur, les avocats de Paris, unanimement, refusèrent en effet de porter l’épitoge pour ne pas la prendre finalement qu’en 1841, « non par vanité, disent les auteurs, mais pour faire cesser les méprises que l’identité de leur costume avec celui des Avoués amenait chaque jour au Palais ».



L’usage s’instaura à Paris de porter l’épitoge simple, le port de l’épitoge herminée étant réservé aux cérémonies et aux audiences solennelles ainsi qu’aux déplacements hors de Paris.


Ce contenu a été initialement publié sur Y! Answers, un site Web de questions-réponses qui a fermé ses portes en 2021.
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